Le " mythe " Castaneda

Initié par don Juan Matus, un chaman indien de la tribu Yaqui au Mexique, Carlos Castaneda publie son premier livre L'Herbe du diable et la petite fumée en 1968. Dans un style imagé et accessible au grand public, il y relate la première phase de son apprentissage et commente ses propres expériences sous hallucinogènes, que don Juan, son maître initiateur, lui administrait afin de faire disparaître ses nombreux blocages d'homme occidental enfermé dans sa rationalité. L'ouvrage connaît un immense succès et conduit Castaneda à renouveler l'expérience en publiant une dizaine de livres sur le même sujet, traduits dans plus de dix-sept langues, qui font découvrir le chamanisme à des millions de gens dans le monde. Pour beaucoup, Carlos Castaneda est devenu un véritable mythe, d'autant qu'il a toujours su entretenir autour de sa personne un certain secret, n'accordant que très peu d'interviews et refusant de se faire photographier ou de parler de sa vie personnelle.

Michael Harner et le néochamanisme

Carlos Castaneda n'a pas été le seul à populariser le chamanisme en Occident. Après deux séjours en Amazonie, l'anthropologue Michael J. Harner publie en 1968 The Way of the Shaman (La Voie spirituelle du chaman), qui met en relief différentes pratiques chamaniques applicables dans notre monde occidental. Devant l'intérêt grandissant que suscite le chamanisme, il décide de créer la Fondation des études chamaniques (Foundation for the Shamanic Studies), où il met au point un universalisme chamanique, qui peut s'adapter à toute culture. Il y enseigne ses techniques, sorte de " concentré " de divers fonds chamaniques, permettant d'accéder à ce qu'il appelle un " état de conscience chamanique " sans recourir aux plantes psychotropes.

Selon lui, nous sommes tous potentiellement chamans. Il importe, pour réveiller ce potentiel, de se mettre à explorer expérimentalement nos relations spirituelles avec l'Univers. Le mot clé, dans cette vision des choses, est le " respect " vis-à-vis de l'Univers : les pratiques issues du chamanisme tendraient à favoriser cette notion fondamentale, fondée sur un sentiment d'unité avec toutes les formes de vie. " En trouvant l'harmonie, on dispose de plus de forces pour aider les autres, car l'harmonie avec l'Univers est le lieu d'où vient le vrai pouvoirs. "

Michael J. Harner présente de la façon suivante sa méthode, qui est un bon résumé de ce que tentent de faire aujourd'hui nombre de néochamanistes occidentaux : " La plupart des traditions comportent beaucoup d'éléments qui ne sont pas vraiment chamaniques mais relèvent d'une configuration culturelle manquant de pertinence dans notre propre culture. J'essaie de comprendre les universaux du chamanisme et de les présenter à mes élèves afin qu'ils les intègrent à leur vie. " La publication de chacun de ses livres suscite toujours un immense intérêt, et plus de 20 000 Occidentaux se sont formés à ses techniques.

Serge King : N'importe qui peut être chaman en pleine nature. C'est facile. Ce qui est compliqué, c'est de l'être dans une ville ; et c'est pourtant là que nous avons réellement besoin de chamans.

 
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